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Ce qu’il faut connaître sur l’amiante  dans les conduites d’eau potable au Québec

Introduction


L’amiante est un minéral fibreux de la famille des silicates naturels qui se distingue en deux grands groupes : la serpentine et les amphiboles. La serpentine comporte une seule espèce de cristal, le chrysotile ou « amiante blanc ». Les amphiboles quant à elles, comportent cinq espèces cristallines : l’anthophylite, l’amosite, l’actinolite, la trémolite et le crocidolite (rapport BAPE, 2020).

L’amiante dans l’eau


Au Québec, la production des conduites de matériaux ciment-amiante (chrysotile) a cessé depuis 1981.


En 2002, le Québec a adopté une «POLITIQUE D’UTILISATION ACCRUE ET SÉCURITAIRE DE L’AMIANTE CHRYSOTILE» qui stipule que tout organisme réalisant des travaux de construction, entre autres les réseaux d’eau potable,  sont tenus de respecter les produits qui contiennent de l’amiante chrysotile, fabriqué au Québec,  pourvu que ces produits répondent aux besoins et respectent les exigences techniques1.


En 2019, le Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) a mandaté le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), pour évaluer la présence d’amiante au Québec. À la suite de ce mandat, un rapport sur l’état des lieux de même que la gestion de l’amiante et des résidus miniers amiantés a été rédigé et publié en juillet 2020, confirmant la présence effective d’amiante au Québec entre autres, dans l’air, le sol et l’eau.


En effet, l’eau naturelle contient de l’amiante, mais avec les traitements, son pourcentage diminue. En outre, l’eau distribuée par des conduites d’eau potable en ciment-amiante utilisées dans certains réseaux peut contenir des fibres en amiante dissoutes dans les conduites par des eaux agressives, ou au moment des travaux de branchement (rapport BAPE, 2020, page 231).


Plusieurs études épidémiologiques illustrant les différentes concentrations d’amiante dans l’eau réalisées au Canada, en Europe, et aux É.U sont documentées dans ce rapport, et ce qui en résulte est que les preuves scientifiques ne sont pas assez convaincantes pour conclure que l’amiante est néfaste pour la santé, d’où l’absence de normes de concentration de l’amiante dans l’eau potable par Santé Canada (rapport BAPE, 2020, pages 216,217). Certes, il n’existe pas de preuves scientifiques soutenues pour conclure que l’amiante dans l’eau potable est néfaste pour la santé, néanmoins, la prévention est de mise et il en existe plusieurs moyens. 


Parmi ces moyens, il convient d’identifier les conduites d’eau potable qui sont en ciment-amiante et d’établir un programme de chemisage de ces conduites pour réduire le contact de l’amiante avec l’eau potable distribuée.

L’amiante dans l’air 


L’amiante est une substance inscrite à l’annexe 1 du Règlement sur la santé et la sécurité du travail comme ayant un effet cancérigène démontré ou soupçonné chez l’humain. Aussi, en vertu de l’article 42, l’exposition doit être réduite au minimum, même lorsqu’elle demeure à l’intérieur des normes prévues par cette annexe.


Tout travail sur des tuyaux en ciment-amiante, incluant l’enlèvement et la disposition de ces tuyaux, est assujetti à des prescriptions de sécurité précisées dans le Code de sécurité pour les travaux de construction (CSTC). Advenant la disposition de ces tuyaux, ceux-ci doivent obligatoirement être transportés, en prenant des dispositions particulières, dans un site d’enfouissement qui accepte ce type de matériaux, et ce, selon les exigences du CSTC et du MELCC. 

Les recommandations du CERIU


En plus de plusieurs mesures que les municipalités peuvent entreprendre, le CERIU offre des documents et des formations sur les techniques de gestion des conduites d’eau potable et d’égout, notamment des techniques qui peuvent apporter la structure optimale et assurer la desserte d’eau potable dans les normes : 

 

Fiche technique : gaine pour les conduites d’eau potable (CERIU, 2016) 
Cette fiche illustre une technique de réhabilitation par chemisage, en utilisant une gaine pour les conduites d’eau potable, où celle utilisée est constituée de couches de feutre, de fibres de verre tressées ou d’un matériau tissé. Le côté de la gaine, qui devient l’intérieur de la conduite, est recouvert d’une membrane polymère imperméable qui empêche le contact de l’eau transportée avec le matériau d’origine de la conduite.

Guide à l’intention des élus concernant les infrastructures municipales (CERIU, 2018) 
Ce guide est conçu pour venir en aide aux municipalités en résumant les approches à adopter au regard des activités municipales relatives à la gestion des réseaux présents dans l’emprise publique, notamment les réseaux d’eau potable. Ce guide répond entre autres à trois questions importantes : 
•    Quelles sont les obligations de la municipalité qui dessert sa population en eau potable? 
•    Quelles sont les activités municipales relatives aux installations de distribution de l’eau potable ? 
•    Qu’est-ce que la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable et quelles sont les clauses d’écoconditionnalité pour les municipalités ayant un réseau de distribution de l’eau potable ?


Formation  Maintien des actifs de l’eau : outils et cas pratiques 
Cette formation vise à faire connaître les enjeux techniques et financiers liés au renouvellement et à la réhabilitation des infrastructures linéaires et ponctuelles en eau. Elle veut aussi faire connaître les outils et les techniques de la gestion des actifs, notamment en eau.

Conclusion


L’objectif de ce document est de sensibiliser les gestionnaires municipaux aux contraintes imposées par la présence d’amiante dans les tuyaux fabriqués en ciment-amiante et proposer les bonnes pratiques permettant une réhabilitation optimale de ces tuyaux, plus particulièrement pour ceux servant au transport et à la distribution de l’eau potable. 

Article rédigé par Celia Abbas, chargée de projets adjointe, responsable du conseil permanent Infrastructures souterraines, CERIU

Références bibliographiques

1-POLITIQUE D’UTILISATION ACCRUE ET SÉCURITAIRE DE L’AMIANTE CHRYSOTILE AU QUÉBEC 
2-L’état des lieux et la gestion de l’amiante et des résidus miniers amiantés: Rapport d’enquête et d’audience publique