Allocution de Pascale Fortin, Ville de Longueuil et présidente du comité organisateur d'INFRA 2014
20 ans… N’est-ce pas un bel âge?
20 ans… C’est beau, c’est jeune, c’est dynamique. On a d’ailleurs quelques représentants de cette tranche d’âge dans la salle. Mesdames, messieurs les étudiants, je vous salue!
Ah… 20 ans… Je soupçonne que quelques personnes ici présentes paieraient cher pour revivre cette période.
Mais tout est relatif…
20 ans pour une chaussée fortement sollicitée, et qui n’a pas reçu l’attention qu’elle méritait, qui a pour ainsi dire « manqué d’amour », 20 ans, c’est la phase terminale…
Pour une conduite d’égouts, par contre 20 ans c’est pratiquement l’adolescence!
Pour une personne c’est le début de l’âge adulte, l’autonomie, une période pleine de rêves et d’aspirations.
Et pour un événement comme INFRA, c’est la preuve tangible qu’il répond à un besoin du milieu.
Chaque année INFRA est l’évènement culminant des activités du CERIU, celui qui souligne le mieux son rôle d’agent mobilisateur et de centre de veille et transfert technologique. C’est ici qu’on vient s’alimenter, se ressourcer, échanger avec nos collègues de différents horizons. C’est un terreau à l’émergence de nouvelles idées. C’est un apport d’oxygène qui nous permet d’élargir notre pensée, d’y intégrer de nouveaux enjeux, de réinventer nos façons de faire.
Mes collègues vous ont parlé avec passion des débuts du CERIU, de ses bâtisseurs, de sa mission, de ses réalisations, de sa pertinence.
À l’évidence, le rôle du CERIU est plus que jamais d’actualité. Avec la multiplication des défis auxquels notre société fait face avec la période d’austérité que nous vivons les infrastructures demeurent en vive concurrence avec les autres sphères de services à la population (je rappelle que l’éducation et la santé accaparent plus de 65 % du budget provincial). On ne devrait pourtant pas devoir faire un choix entre ces secteurs puisque les infrastructures sont nécessaires à la livraison des autres services. Elles sont la colonne vertébrale de l’économie et du service aux citoyens. On n’aura de cesse de le répéter, encore et encore.
C’est pourquoi quand on regarde vers l’avenir, un organisme comme le CERIU doit augmenter sa présence sur la scène publique et auprès des décideurs. Pour cela, il doit être soutenu par ses membres et parler haut et fort. Il pourra ainsi poursuivre ses activités de sensibilisation et continuer à promouvoir la reconnaissance de la valeur des infrastructures. Elles sont une contribution essentielle à nos sociétés. On doit cesser de les voir comme des dépenses, mais reconnaître qu’elles sont un investissement, qu’elles offrent un service essentiel 24 heures par jour, 7 jours sur 7, à tous les citoyens, peu importe leur statut social, qu’ils aient 20 ans, ou 4 fois 20 ans!
Cette action de sensibilisation passe par le développement de partenariats stratégiques avec les organismes du milieu; les regroupements municipaux, les associations, les universités, les entreprises. La force est dans le nombre! Membres et partenaires, ensemble, nous pouvons faire une différence! En fait, plus que jamais, nous devons faire une différence. Avec un déficit d'entretien qui atteint les 30 milliards de dollars au Québec, nous devons continuer à faire entendre notre voix.
30 milliards vous imaginez ? Je me permets une petite ligne éditoriale, empruntée à M. Pourreaux... On parle beaucoup actuellement de l'impact du comblement des déficits actuariels des caisses de retraite des employés municipaux, soit environ trois milliards de dollars. Ce n'est pas rien certes. Cela suscite un vif débat. Mais comment se fait-il qu'on ne parle pas plus d'un déficit tangible et matériel dix fois plus élevé, qui aura un impact réel sur l'économie et la qualité de vie de tous les citoyens ? La question mérite qu'on s'y attarde.
Également, au cours des prochaines années, le CERIU verra à consolider son rôle de centre de veille et transfert technologique. Il sera à l’écoute de ses membres pour bien identifier les besoins d’ici, tout en étant à l’affut de ce qui se fait ailleurs. Il pourra ainsi adapter les meilleures pratiques, et les diffuser à travers une offre de formation renouvelée et accessible. Constamment, le CERIU devra avoir le souci de rejoindre plus de gens, les municipalités de toutes tailles et les acteurs à l’extérieur des grands centres. Pour cela, la réalisation régulière de tournées régionales ainsi que l’actualisation du site web seront des outils importants. Cette veille permettra aussi d’alimenter les travaux du CERIU, les tables d'échanges et les forums de discussion, afin que les activités et les livrables soient centrés sur les besoins du milieu. Des projets porteurs favoriseront une plus grande mobilisation, une plus grande implication de tous les intervenants, et un meilleur maillage entre le secteur de la recherche universitaire, les donneurs d’ouvrage, les fournisseurs et les firmes de génie-conseil.
Un autre enjeu qui devra être soulevé par le CERIU sera de mobiliser tous les intervenants vers une gestion durable des infrastructures. Cet aspect est de plus en plus au cœur des préoccupations des gestionnaires d’infrastructures. Il signifie qu’on doit développer une vision qui va au-delà du simple renouvellement des ouvrages, une vision qui intègre toutes les étapes du cycle de vie des infrastructures : conception, réalisation, entretien, ET exploitation. Les ingénieurs doivent s’intégrer en amont des projets, avec les planificateurs, les urbanistes, les architectes, et même les fiscalistes. Parce que lorsqu’on parle de développement, il est impératif de prévoir l’ensemble des budgets requis sur le cycle de vie de l’infrastructure. Nous avons 20 ans? Alors on doit montrer qu’on a appris et qu’on ne refera plus les erreurs du passé, c’est-à-dire « construire, enfouir, puis oublier… » On doit maintenant concevoir, coordonner, construire, ET entretenir, ET exploiter intelligemment, durablement. INFRA est une occasion en or de développer et d’intégrer cette vision plus large. La programmation des dernières années, où un volet aménagement est apparu, en est la preuve. Maintenant que nous dialoguons avec les spécialistes de l'aménagement urbain, il nous reste à faire le pont avec nos équipes des travaux publics, pour qu’ils prennent en charge nos nouveaux ouvrages avec toutes les ressources et les connaissances requises pour bien les faire vivre.
Comment réussir tout cela ? D’abord en restant bien vivant! Or, la force du CERIU, c’est d’abord ses membres. Des professionnels de différents horizons qui travaillent ensemble dans un but commun : assurer la pérennité du patrimoine urbain et le bien-être des citoyens.
Alors cette 20e édition devient aussi une opportunité. Car 20 ans… c’est aussi souvent l’occasion de renouveler des engagements. Alors c’est ce que je vous invite à faire : renouveler vos vœux envers la grande cause des infrastructures.
Une invitation que j'adresse d'abord au ministère des Affaires municipales, afin qu'il continue à reconnaître et épauler le CERIU, à travers une forme de partenariat financier renouvelé et durable. Et je m'adresse aussi à vous tous bien sûr, membres et partenaires, ingénieurs municipaux, ingénieurs-conseils, fournisseurs, chercheurs, élus, tous, nous devons continuer à nous investir, à réseauter, à participer aux échanges et aux travaux du CERIU. Et surtout, puisqu’on parle d’avenir, je désire profiter de l’occasion pour interpeller nos jeunes, nos étudiants, nos 20 ans, nos 30 ans, pour qu’ils s’impliquent. Sachez qu’il y a au CERIU un réseau de professionnels passionnés et engagés, qui sont prêts à vous accueillir, à entendre vos préoccupations, vos idées, désireux de tirer profit de votre dynamisme, de canaliser votre énergie vers la mise en œuvre de solutions innovantes pour relever les nombreux défis qui s’offrent à nous.
Sur ce, je nous souhaite un bon anniversaire. Soyons fiers de ce que nous avons accompli. Et demeurons plus que jamais mobilisés, en regardant vers l’avenir. Je souhaite au CERIU et à INFRA, une pérennité digne de son passé et à la hauteur des défis qui nous attendent.
Merci de votre présence. Au plaisir de nous retrouver ensemble des années durant.
Bonne soirée et bon congrès!
Pascale Fortin