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Par Salamatou Modieli Amadou, ing., M. Ing.

Les techniques de réhabilitation sans tranchée sous la loupe après plus de 2 décennies d’utilisation au Québec: que dit le rapport d’évaluation de la performance ?

Les techniques de réhabilitation sans tranchée ont vu le jour il y a plus de 2 décennies. Au Québec comme ailleurs elles ont connu beaucoup d’engouement dû au fait des avantages allégués telles la prolongation de la durée de vie des infrastructures, l’optimisation des investissements, la diminution des coûts des travaux, la quasi-absence des nuisances aux citoyens, etc. Après plus de 20 ans d’utilisation, il était temps d’aller vérifier la performance attendue de ces technologies. Le CERIU publie le Rapport synthèse - Suivi de la performance des projets de réhabilitation sans tranchée des conduites d’eau potable et conduites et regards d’égout, très attendu des municipalités.


En 2007, à la demande de son conseil permanent Infrastructures souterraines, le CERIU a initié ce projet d’envergure dont l’objectif principal du projet était d’évaluer la performance des techniques de réhabilitation utilisées au cours des dernières décennies au Québec. Plus particulièrement :

  • d’évaluer et mesurer les indicateurs de performance des infrastructures souterraines réhabilitées
  • d'identifier les points forts et faibles des techniques de réhabilitation par l’observation du comportement des matériaux de réhabilitation
  • finalement de conclure sur l’applicabilité des techniques de réhabilitation sans tranchée aux conduites souterraines

Pour atteindre ces objectifs plusieurs étapes clés ont été réalisées :

  • inventaire des travaux de réhabilitation effectués au Québec au cours des dernières décennies : sondage auprès de toutes municipalités et entreprises du Québec ayant réalisé des travaux de réhabilitation
  • choix des techniques de réhabilitation à étudier; celles qui ont été les plus utilisées au Québec ont été retenues, soient : le revêtement projeté à l’époxy et le chemisage structural pour les conduites d’eau potable, le colmatage et injection et le chemisage structural pour les conduites d’égout, et le colmatage et injection, le revêtement projeté à base de mortier ou de résines et polymères et le chemisage structural pour les regards d’égout
  • collecte d'échantillons de conduite et des données d’inspection par des municipalités participantes
  • détermination des tests destructifs et non destructifs par les comités techniques Eau potable et Égout
  • réalisation des tests, analyses des résultats et production de rapports par les universités
  • rapport synthèse par CIMA+ sur la performance des techniques : rapport incluant la description des techniques de réhabilitation analysées, l’analyse et le résumé des rapports des universités (Concordia et École Polytechnique de Montréal) sur les résultats des tests non destructifs et destructifs, les constats et les préoccupations par rapport aux techniques de réhabilitation sans tranchée (entrevues réalisées auprès des représentants des villes et des entreprises), et enfin les recommandations. Le rapport synthèse fait état de la performance des techniques analysées pour les conduites d’eau potable, les conduites d’égout et les regards d’égout.

Pour les conduites d’eau potable, les analyses de la technique de revêtement projeté ont démontré que le revêtement était en bon état après quelques années, même si des signes de détérioration sont présents à quelques endroits. Les résultats ne sont cependant pas assez concluants pour se prononcer sur la performance de cette technique. Cette dernière est d’ailleurs très peu utilisée de nos jours. La performance de la technique de chemisage dans les conduites d’eau potable a été plus évidente à démontrer. Les tests destructifs visant la validation des propriétés physiques et mécaniques selon les normes ASTM F1216 et ASTM D3165 ont donné des résultats au-dessus des seuils exigés. 

Pour les conduites d’égout, la technique de colmatage et injection s’est révélée performante dans l’ensemble, après plusieurs années, malgré quelques défectuosités observées sur environ 14 % de la longueur inspectée. Comme pour les conduites d’eau potable, les conduites d’égout réhabilitées par chemisage, sont restées en bon état, même si quelques anomalies sont décelées. La technique de chemisage a été performante et les résultats des tests destructifs réalisés répondent aux exigences des normes ASTM F1216.

Au niveau des regards d’égout, la technique de colmatage et injection a démontré une bonne performance après plus de 20 ans de service. Les résultats des techniques de revêtement projeté sont considérés acceptables après 15 ans. Quant au chemisage, la performance globale a été jugée également acceptable après 15 ans. Il est important de rappeler que les résultats présentés sont relatifs aux échantillons analysés et ne peuvent être généralisés compte tenu du petit nombre d’échantillons et du manque de données complètes relatives à certains échantillons et à leur environnement.

Ce projet a permis de mettre en évidence la performance de quelques techniques de réhabilitation utilisées au Québec, leurs limitations, ainsi les préoccupations des utilisateurs. De nombreuses recommandations pertinentes ont été mises en lumière, en rapport avec les mesures correctives à apporter contre les déficiences observées dans les travaux de chemisage et dans les devis. Également, le rapport fait état des conditions à mettre en place pour la réalisation d’une autre étude sur la performance des travaux de réhabilitation en tenant compte des leçons apprises lors de la réalisation de ce projet (études, documents techniques et veilles technologiques à réaliser ; intervenants à mobiliser ; identification de sujets de réflexion, de recherche et de formations à développer ; des suivis à faire).  

Ce projet de longue haleine, mené sur une période d’environ 6 ans, n’a donc pas la prétention de répondre à tous les questionnements légitimes des différents intervenants dans le domaine de la réhabilitation sans tranchée des infrastructures souterraines, mais il aura permis de franchir un pas important dans une démarche continue d’évaluation de la performance des techniques de réhabilitation. 

Le CERIU tient une fois de plus à remercier tout particulièrement, le MAMOT pour le financement du projet dans le cadre du Programme d’infrastructures Québec - Municipalités (PIQM), la Cité de Dorval pour la gestion administrative, les municipalités participantes ainsi que toutes les personnes qui ont contribué à réalisation de ce projet d’envergure.

Le rapport synthèse peut être consulté en ligne.

Références :
CERIU. 2013. Suivi de la performance des travaux de réhabilitation. Conférence présentée à INFRA 2013. Du 2 au 4 décembre 2013 à Québec. 
CERIU. 2009. Suivi de la performance des travaux de réhabilitation. Conférence présentée à INFRA 2009. Du 16 au 19 novembre 2009 à Mont-Tremblant.
CERIU. 2007. Suivi de la performance des travaux de réhabilitation. Conférence présentée à INFRA 2007. Du 5 au 7 novembre 2007 à Laval.
CERIU. 2005. Suivi des réhabilitations de regards à la Cité de Dorval. Fiche de projet. 
CERIU. 1999. Suivi de projet expérimental : expérimentation de huit techniques de réhabilitation des regards d'accès aux égouts à la Cité de Dorval. 

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