Congrès INFRA 2019
2 au 4 décembre
Biographie des conférenciers
Manel Djemel: Urbaniste stagiaire chez INFRA planification urbaine et chargée de cours à la faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal et travaille dans le cadre du projet de rétablissement des inondations de 2017 au BRI bureau de rétablissement inondations à la ville de Rigaud. Elle détient une maitrise en urbanisme de l’Université de Montréal et une maitrise en Architecte de l’université de Carthage.
Chercheuse affiliée à la chaire de recherche Fayol-Magil construction et durabilité et au groupe de recherche grif sur les processus intégrés et l’innovation dans l’environnement bâti. Elle détient une solide expérience en enseignement et recherche universitaires au Québec et à l’international qui couvrent plusieurs champs d’expertise en aménagement de l’espace et du territoire ayant comme orientations principales l’éthique en aménagement. Auteure de plusieurs publications scientifiques qui couvrent les domaines du développement durable, de la participation citoyenne, de la temporalité du projet et de la gestion des projets d'aménagement. Elle travaille depuis un an sur les aspects pratiques urbanistiques et les plans stratégiques de gestion du territoire et des zones inondables suite aux inondations historiques de 2017.
Éric Martel: Militaire de 1990 à 1998, il joint en 2002 le Service de sécurité incendie de Rigaud comme pompier à temps partiel. En mars 2003, il obtient le poste permanent de préventionniste-pompier pour ensuite devenir directeur adjoint du Service des mesures préventives, et coordonnateur municipal de la sécurité civile. Parallèlement, il enseigne depuis 2007 au collège Montmorency dans le cadre du programme « AEC Prévention des incendies ». Depuis il concentre ses activités pédagogiques autour des notions relatives au contexte législatif, les approches et principes et l’application de la loi en sécurité incendie et sécurité civile. En 2015, il obtient de l’UQAM un diplôme d’études supérieures spécialisées en « Gestion des risques majeurs ». Toujours à l’emploi de la Ville et du SSIR, il sera responsable d’orchestrer et coordonner la réponse de l’Organisation municipale de Rigaud et Pointe-Fortune lors de la crue 2017. En marge des efforts de rétablissement, il parvient à réunir les municipalités de Rigaud, Pointe-Fortune et Très-Saint-Rédempteur au sein d’une seule structure multimunicipale de sécurité civile, qui prouvera d’ailleurs son efficience lors de la crue 2019. Si la crue 2017 a permis de créer le Bureau de rétablissement inondations (BRI), celle de 2019 a ouvert la voie à une proposition davantage centrée sur l’aménagement et l’occupation durable, sécuritaire et résilient du territoire.
Résumé de conférence
Le Québec a vécu au cours des 3 dernières années 2 inondations exceptionnelles qui ont alimenté de considérables débats sur l’occupation du territoire et notamment les zones inondables. Toutefois, la dimension la plus complexe d’un sinistre est sans contredis est celle du rétablissement. Pour la Ville de Rigaud, relever ce défi devait se faire de manière à limiter autant les conséquences sur les personnes sinistrées, que sur la continuité de la prestation de services aux citoyens. Considérant que près de 400 résidences ont été inondées ou touchées, il devenait évident pour les autorités municipales que ses ressources n’allaient pas suffire. Minimiser les impacts tant sur les personnes sinistrées que les services municipaux ne pouvaient se faire que si la Ville parvenait à orchestrer, en un seul lieu, et avec des ressources externes, l’ensemble des activités et services.
Après avoir tenté, mais sans y parvenir, à recruter, à long terme, par le biais du MAMH (MAMOT à l’époque), ou d’embaucher sur une base permanente/temporaire, des inspecteurs compétents et expérimentés, le partenariat public privé (PPP), représentait la seule issue possible pour satisfaire à ce besoin criant de ressources. Un appel d’offres fut donc lancé pour trouver une firme capable de fournir 3 inspecteurs pour traiter des dossiers avec des enjeux complexes d’urbanisme et d’environnement. Parallèlement, il devenait essentiel de trouver un lieu où ces inspecteurs allaient pouvoir travailler, et ce, avec la complémentarité d’autres personnes issues d’agences, de ministères et d’organismes bénévoles. Ainsi est né le Bureau du rétablissement inondation (BRI) de Rigaud et Pointe-Fortune, ce pôle multiservice/multiressources, qui allait permettre d’articuler une réponse adaptée compatible avec l’obligation de réaliser des inspections, des analyses et l’émission des permis.
Dans les faits, la structure du BRI, si elle était distincte et autonome par rapport à l’Organisation municipale, elle ne pouvait pas complètement s’en dissocier. Qu’il s’agisse de l’interprétation de la règlementation municipale concernant les droits acquis ou de la judiciarisation des dossiers ou la cession des terrains, plusieurs services et ressources municipales sont demeurés en appui/soutien aux inspecteurs du BRI, mais sans que cela nuise leur capacité de maintenir une prestation normale des services aux citoyens.
Mais là où le BRI a su innover, c’est par l’entremise d’une gestion collaborative pluridisciplinaire où s’arrimaient des solutions axées sur la personne et celles ciblant l’environnement naturel et bâti. Bien que les sinistrés étaient éprouvés par les inondations, ainsi que les nombreuses démarches bureaucratiques, en raison des services d’accompagnement qu’elles recevaient, les inspecteurs du BRI sont parvenus à :
- Préserver la dignité des personnes en adaptant les services à leur réalité (fournir la fiche technique d’évaluation du bâtiment, renouveler sans frais les permis échus, référer à la Croix-Rouge pour des services d’accompagnement et d’aide financière complémentaire),
- Garantir la neutralité et l’impartialité dans la prise de décision, et ce, particulièrement dans les cas de mise en conformité ou de démolition,
- D’offrir une gestion efficace, structurée et intégrée, eu égard au contexte législatif en toile de fond
- D’éviter l’engorgement du Service municipal d’urbanisme et lui permettre de mettre l’accent sur le développement considérant que plusieurs démolitions de résidences allaient avoir lieu; et
- Permettre le maintien de la prestation de services aux citoyens qui n’étaient pas concernés par le sinistre.